Le mouvement Slow Fashion né des tendances de consommation plus respectueuses de l’homme et l’environnement, prend de l’ampleur. Sous le signe d’une mode militante, le marché de la seconde main devient un mode de vie à part entière.
En répondant aux attentes de plus en plus exigeantes des consommateurs et consommatrices, ce pilier de l’économie circulaire est devenu incontournable et ce notamment aux yeux des distributeurs qui, depuis quelques années, peinent à séduire la clientèle.
Au-delà de l’acte environnemental, le marché de l’occasion permet également aux enseignes de voir leurs clients et clientes revenir en magasin. Selon une étude menée par le BCG, 62% des interviewés seraient plus enclins à acheter des pièces auprès de griffes qui collaborent avec des acteurs de la vente de seconde main.
Pourquoi les hypermarchés s’y intéressent ?
Une étude menée par l’Observatoire Société et Consommation (OBSOCO) montre le désenchantement subi par les hypermarchés de la part des consommateurs et consommatrices face à l’émergence de nouveaux modèles et surfaces de distribution. Les hypermarchés souffrent d’une image peu valorisante car perçus comme « des espaces déshumanisés ».
Dans son étude « l’hypermarché : la crise de la cinquantaine » l’Obsoco pose la question de l’avenir des hypermarchés et affirme la nécessité pour ces derniers de « s’inscrire dans le champ de la responsabilité sociale et environnementale ». En effet, ces surfaces prônent la surconsommation et sont, par conséquent, jugées comme dévastatrices pour l’environnement.
Pourtant « 77% des responsables de Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) sont tout à fait convaincu·e·s que les entreprises en général ont un rôle à jouer pour lutter contre le réchauffement climatique et la dégradation des écosystèmes » (étude Comerso, 2019).
La seconde main booste les grandes surfaces ?
Plusieurs grandes surfaces se sont récemment rapprochées de distributeurs de la seconde main et du marché de la fripe, secteur très prometteur qui pesait, en 2019, 28 milliards de dollars aux États-Unis (selon le 2020 Resale Report). La volonté de s’adapter à ces nouveaux modes de consommation séduit ainsi les enseignes qui tentent de « s’écarter des tentations de la Fast Fashion« .
En France, la grande distribution se tourne vers ce marché d’occasion. Auchan s’est ainsi associé pendant 3 mois à l’un des leaders européens du traitement de la mode de seconde main, Patatam, pour proposer dans 5 magasins des vêtements d’occasion. Suite à ce test concluant, 84 hypermarchés ont été équipés d’un rayon textile d’occasion. Système U participe également à démocratiser cette tendance en s’adressant au fripier Patatam pour équiper, en octobre 2020, 4 Hyper U de vêtements seconde main.
L’enseigne Carrefour et la plateforme Cash Converters donnent, quant à elles, une seconde vie, non pas aux vêtements, mais aux bijoux, objets connectés, livres, maroquinerie et petit électroménager au sein d’un Carrefour Occasion. En mars 2020, le concept a été testé dans l’Essonne puis fin octobre un second magasin a ouvert dans un centre commercial près de Toulouse.
Du côté de Leclerc, les Leclerc Occasion continuent leur développement et étaient, en juin 2020, au nombre de 30. L’enseigne avait pour ambition d’ouvrir une centaine de points de vente supplémentaires, la crise a néanmoins quelque peu chamboulé ce projet.
La seconde main prend ainsi de l’ampleur et sa place est de plus en plus assurée au sein des enseignes de la grande distribution, qui aux côtés de spécialistes, intègrent ces produits à leurs points de vente. Et la clientèle suit.